Les grands enjeux de la filière photovoltaïque avec Marc Laborde
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[Interview] Les grands enjeux de la filière photovoltaïque : réemploi et recyclage – Marc Laborde

Dans cette série d’interviews “Les grands enjeux de la filière photovoltaïque“, des acteurs majeurs de la filière sont mis à l’honneur. Ceux-ci participent à rendre le cycle de vie des panneaux solaires photovoltaïques le plus vertueux possible.

Marc Laborde est gérant de Soleil en tête, une entreprise spécialisée en conseil, installation et entretien de solutions en énergies renouvelables. Dans cette interview, il met en lumière son activité de Point d’Apport Volontaire.

Marc Laborde Soleil en tête

Pouvez-vous présenter Soleil en tête ?

Marc Laborde : Soleil en tête est un acteur local des énergies renouvelables dans la région d’Orléans. Nous intervenons dans le conseil, l’installation et l’entretien de systèmes de chauffage, d’électricité, d’eau chaude sanitaire avec des solutions en énergies renouvelables. Nous sommes qualifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) dans tous nos domaines d’activité [ndlr : cette qualification identifie les professionnels de la performance énergétique]. Nous sommes artisans poseurs, mais aussi et surtout conseillers.

À l’origine, Soleil en tête était un groupement d’artisans qui avaient la volonté de proposer des énergies 100 % renouvelables, l’entreprise comptait 53 agences en France. Le boom des panneaux photovoltaïque a eu lieu dans les années 2010. Dès l’arrêt des aides de l’État, une majorité des entreprises ont fait faillite. Toutes les agences Soleil en Tête ont fermé sauf l’agence d’Orléans. La vente de panneaux photovoltaïques, mais aussi plus globalement l’énergie renouvelable, a eu du mal à démarrer en France, c’est pour cela que nous faisons du multi-produits. 

Aujourd’hui, nous sommes 6 dans l’entreprise avec pour volonté de ne proposer que des énergies renouvelables.

Depuis combien de temps êtes-vous Point d’Apport Volontaire et pourquoi ?

M.L : J’ai adhéré à Soren en 2010. J’avais la volonté de ne pas être simplement un intermédiaire, mais un véritable acteur des énergies renouvelables et de leur développement. Aussi, être Point d’Apport Volontaire (PAV) crédibilise notre activité et l’entreprise.

Est-ce que les volumes de panneaux déposés ont évolué ?  Qui sont les détenteurs de panneaux solaires qui déposent les panneaux solaires photovoltaïques chez Soleil en tête (particuliers, professionnels…) ?

M.L : Depuis 2010, nous observons une légère augmentation des apports. Localement, nous ne sommes pas situés dans la zone où il y a le plus de panneaux.

Les premières années, les panneaux collectés l’étaient pour cause de casses sur des chantiers ou bien du fait de casses climatiques (grêle par exemple). Aujourd’hui, nous commençons à collecter les premiers panneaux qui sont trop anciens, usagés. Aussi, les particuliers victimes d’arnaques et les possesseurs de panneaux non-conformes qui n’ont jamais été en état de fonctionner les déposent en point de collecte. 

En termes de chiffres, il y a 10 ans, on nous apportait des panneaux une fois par an mais aujourd’hui, c’est plutôt une fois par mois. Le panneau solaire se démocratise : aujourd’hui tout le monde sait ce que c’est !

Toutefois, 80% des panneaux déposés proviennent des entreprises. Nos pairs nous reconnaissent, ils savent que nous collectons des grosses quantités malgré notre taille. Parfois, il arrive que la quantité de collecte soit trop importante pour nous. Dans ce cas, un camion envoyé par Soren se déplace directement pour réaliser la collecte.

Est-ce que la demande de panneaux solaires photovoltaïques a significativement augmenté pour Soleil en tête ? Quels en sont les facteurs explicatifs ?

M.L : Oui, réellement. En 2010, à l’arrêt des aides de l’État, il y a eu une baisse de 90 % des ventes [ndlr : décret n° 2010-1510 du 9 décembre 2010 suspendant l’obligation d’achat de “l’électricité produite par certaines installations utilisant l’énergie radiative du soleil”]. Depuis 3/4 ans, les ventes repartent à la hausse !

Aujourd’hui, les particuliers qui achètent des panneaux le font pour différentes raisons. La première est économique. Il y a toujours une volonté de faire des économies et il est crucial de comprendre pourquoi. C’est pour cela que nous avons un vrai volet “Conseil”. Il est important de réaliser une enquête avant la vente de panneaux solaires photovoltaïques pour connaître leurs préjugés, leurs attentes et les conseiller en fonction.

Ensuite, les particuliers sont sensibles à la notion d’autoconsommation, ils ne veulent pas ou plus dépendre d’un fournisseur. Avec la hausse des prix de l’énergie, cette tendance se développe encore davantage.

Aussi, les particuliers sont démarchés par téléphone. À travers ce démarchage, même s’il permet de dynamiser le marché, il y a malheureusement souvent une exagération de la rentabilité de l’énergie produite par les panneaux. Notre rôle est aussi de leur apporter les bonnes informations.

Enfin, de façon plus mineure, il y a de nouvelles technologies de panneaux, qui sont également plus esthétiques.

Globalement, le solaire fonctionne ! La motivation d’achat du produit n’est simplement plus la même qu’il y a quelques années. Avant le placement financier était au centre des raisons d’achat alors qu’aujourd’hui, l’achat est principalement motivé par la volonté de faire des économies.

Le réemploi et la réutilisation des panneaux photovoltaïques se développent. Comment voyez-vous ce mouvement et quels sont les principaux points de vigilance pour ceux qui aimeraient acheter des panneaux photovoltaïques d’occasion ?

M.L : Si j’étais un particulier et que je ne connaissais pas ce domaine, je ne ferais pas confiance aux reventes de panneaux solaires photovoltaïques non encadrées. Il faut faire confiance à un organisme ou à une entreprise qui teste au préalable les panneaux photovoltaïque avant de les remettre sur le marché. C’est important d’avoir la garantie qu’ils fonctionnent. Ce sont des produits de haute technologie : selon moi, l’étape de contrôle doit être automatique pour la seconde main.

Quelles attentes des citoyens avez-vous identifiées en matière d’excellence environnementale de la filière photovoltaïque ?

M.L : Les questions portent sur le recyclage. Aujourd’hui les particuliers s’intéressent davantage au processus de recyclage des panneaux solaires photovoltaïques qu’à leur fabrication. On nous pose les questions “Est-ce que ça se recycle ?” mais aussi  “À quel  pourcentage les panneaux sont-ils recyclés ?”. 

Selon vous, quels sont les grands enjeux de la filière photovoltaïque pour 2024 ?

M.L : Aujourd’hui, c’est l’augmentation des prix de l’électricité qui booste le marché : plus cela augmente, plus cela marche. Les particuliers se renseignent plus, se posent davantage la question. La hausse des prix favorise réellement l’installation de panneaux solaires photovoltaïques

Les personnes préfèrent faire des économies. Être autonome dans la production de leur électricité, mais aussi dans les domaines du chauffage, de l’eau, dans leur logement en général plait aux particuliers. Le photovoltaïque est une filière d’avenir qui est pourtant difficile à développer car les artisans ont du mal à trouver des assurances après avoir obtenu la qualification (frilosité des assurances).  

Il y a aussi un réel manque de formations dans la filière pour nous permettre de recruter des poseurs professionnels de panneaux photovoltaïques. Lorsque nous recrutons, ce sont des personnes issues de formations générales (plomberie, électricité …), nous devons ensuite prendre en compte 1 an et demi de formation en interne. 

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