Les grands enjeux de la filière photovoltaïque, Éric Goubier
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[Interview] Les grands enjeux de la filière photovoltaïque : L’adaptation des solutions photovoltaïques et la mise aux normes environnementales sur le marché européen – Éric Goubier

Dans cette série d’interviews “Les grands enjeux de la filière photovoltaïque“, des acteurs majeurs de la filière sont mis à l’honneur. Ceux-ci participent à rendre le cycle de vie des panneaux solaires photovoltaïques le plus vertueux possible.

Responsable Technique Produits de DMEGC Solar FranceÉric Goubier nous éclaire sur le développement de la filière photovoltaïque en Europe.

POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER DMEGC SOLAR ET VOTRE RÔLE AU SEIN DE L’ENTREPRISE ?

 

Éric Goubier : DMEGC, fondée en 1980, est une entreprise chinoise du groupe Hengdian. DMEGC a démarré en tant qu’industriel dans la production d’aimants auprès de grands comptes comme Bosch ou Panasonic. 

En 2009, DMEGC crée une nouvelle activité centrée sur les énergies renouvelables, et particulièrement le photovoltaïque. Les cibles sont principalement les marchés Français et Néerlandais, avec un important travail sur les exigences du marché français : bilan carbone, compatibilité des modules avec les structures ; et aujourd’hui des impératifs sur la recyclabilité, l’éco-modulation, etc…

Parmi plus de 18 000 collaborateurs chez DMEGC, je suis Responsable Technique Produit pour la France, le Moyen-Orient et l’Afrique/Afrique du Nord. Mon rôle est d’accompagner nos clients dans tout le processus de vente via des roadshow que j’organise avec les distributeurs, aussi bien qu’auprès des développeurs.

OÙ DMEGC EST-ELLE IMPLANTÉE EN FRANCE ET EN EUROPE ? 

 

Aujourd’hui, nous n’avons pas d’usine en France, ni en Europe. Nous avons 6 sites de production en Asie : 5 sont basés en Chine et 1 en Indonésie.

Nous suivons de très près le développement occidental pour la suite, avec des thématiques comme le Net Zero Industry Act qui interviennent en Europe. Nous sommes en train d’étudier différentes options en termes de partenariat ou même à titre individuel pour réaliser de nouvelles productions qui répondent à ces exigences. 

QUELS SONT VOS DIFFÉRENTS TYPES D’INSTALLATION ET QUELS SONT LES AVANTAGES DE

CHACUN ? 

 

E.G : Chez DMEGC nous avons une large gamme de produits. 

  • Des solutions pour les projets toitures, plutôt pour les particuliers. Nos partenaires distributeurs en France alimentent nos clients finaux, les installateurs.
  • Des solutions pour le Commerce & l’Industrie (C&I). Chez nos clients européens, nous sommes en partenariat avec des structuralistes locaux pour des solutions pour des hangars, des supermarchés, des ombrières de toutes tailles, etc. 
  • Des solutions pour les centrales au sol. Nous avons des modules adaptés pour les centrales au sol des grands comptes. 
  • Des gammes plus spécifiques. Nous proposons par exemple pour l’agriphotovoltaïsme des modules avec différents taux de transparence, jusqu’à 55%, pour répondre aux besoins de l’agriculture végétale ou animale. 
  • Des installations en flotting. Nous avons également des solutions pour des centrales en flotting, au niveau ou au-dessus de l’eau. L’année dernière nous avons installé en Chine une centrale de 940 mega au-dessus d’un plan d’eau douce dans lequel il y a des cultures de poissons, favorisées par le fait qu’il y ait de l’ombre au-dessus de l’eau. 
  • Nous avons des installations proches des aéroports avec des modules anti-éblouissement, qui sont de plus en plus demandés aussi à proximité des voies de chemin de fer et des autoroutes. 
  • Des solutions adaptées aux besoins spécifiques. Pour le marché allemand par exemple, nous avons développé un module de petite taille (1742 x 766), appelé Installer Friendly Module (IFM) pour faciliter sa mise en place par les installateurs en Allemagne, sur des toitures très inclinées peu adaptées aux modules de grande voilure. Cette solution a été retenue par l’organisme AGR* pour réduire et limiter les problèmes de dos chez les ouvriers du monde du photovoltaïque.

Nous sommes très à l’écoute des besoins de nos clients et de nos partenaires, sur le marché français, européen ou dans le monde. D’ici septembre, DMEGC proposera une solution qui répond aux exigences de bâtiments qui ont été construits il y a 20 à 40 ans, qui ont une structure légère et qui ne peuvent pas accueillir le poids des installations photovoltaïques actuelles.

*AGR : Organisme qui inspecte et met en avant les bonnes pratiques qui vont dans le sens des ouvriers et des employés. 

COMMENT DMEGC SOLAR RÉPOND AUX PROBLÉMATIQUES ENVIRONNEMENTALES ? COMMENT INTÉGREZ-VOUS LES CRITÈRES D’ÉCO-MODULATION ?

 

E.G : Depuis 3 ans maintenant DMEGC a un département Environnement Social Gouvernance (ESG). Nous sommes engagés dans une démarche pour passer toutes nos usines en énergie verte et atteindre la neutralité carbone dans nos usines, nos processus et nos produits. Nous avons déjà 3 usines 100% énergie verte et 1 usine zéro carbone en Chine. 

Pour les ESG, nous avons beaucoup d’indicateurs et différents labels, comme la certification EcoVadis*, pour la traçabilité, le sourcing, la gestion des matériaux, la gouvernance, les conditions de travail, etc. Nous travaillons également avec nos fournisseurs sur ces sujets-là.  

Sur le marché français, DMEGC s’est adapté à la réglementation : certificats bilan carbone, fiche MEP, analyse du cycle de vie (ACV) sur nos produits et sur nos unités de production. Nous avons des exigences similaires pour différents marchés européens. 

L’éco-modulation fait partie des thématiques sur lesquelles nous travaillons au quotidien dans le développement de nos produits pour répondre à un maximum de critères, en utilisant les matériaux les plus recyclables, les moins polluants et les moins rares.

* EcoVadis propose une gamme de solutions RSE pour aider les entreprises à gérer, mesurer et améliorer leurs performances RSE sur l’ensemble de leur chaîne de valeur.

QUEL EST VOTRE LIEN AVEC L’ÉCO-ORGANISME SOREN ET LE RECYCLAGE DES PANNEAUX  PHOTOVOLTAÏQUES ? 

 

E.G : Avant DMEGC, j’ai travaillé pour trois fabricants de modules français, qui n’existent malheureusement plus aujourd’hui. J’ai longtemps suivi PV-Cycle* avant Soren car cela faisait partie de mes missions de penser aux axes d’amélioration à intégrer dans le cadre du développement de produit, pour favoriser leur recyclabilité. 

Mon rôle aujourd’hui est de transmettre toutes les informations relatives aux exigences de la filière en France au sein de DMEGC qui, n’étant pas une entité française, a besoin d’un interlocuteur pour faire remonter ces sujets.

* PV-Cycle : Ancien nom de l’éco-organisme Soren. 

QUELS SONT LES OBJECTIFS DE DMEGC EN FAVEUR D’UN PHOTOVOLTAÏQUE DURABLE, À MOYEN ET LONG TERME ?

 

E.G : Nous avons toujours pour objectif de développer des produits qui répondent aux besoins du client. Il faut trouver le bon compromis entre différents critères : prix, qualité, durabilité, performances, et avancer en parallèle sur tous ces axes là pour répondre à un maximum de besoins. 

A court et moyen termes, la qualité et la durabilité restent primordiales car un module photovoltaïque doit être conçu pour du long terme.

Chez DMEGC, nous réalisons des essais de durabilité en partenariat avec différents organismes. Il s’agit de tests sur les produits liés aux exigences demandées en France par les banques et les assurances, que l’on appelle tests de bancabilité. C’est-à-dire que nous stressons davantage les modules avec des tests renforcés par rapport à la norme IEC* standard, pour voir comment ils réagissent en termes de fiabilité et de durabilité dans le temps

*IEC : International Electrotechnical Commission : Institution de standardisation des normes de test et de certification pour les structures des secteurs électronique et technologique. 

SELON VOUS, QUEL EST L’ENJEU PRINCIPAL DE LA FILIÈRE PHOTOVOLTAÏQUE EN EUROPE ET EN FRANCE ?

 

E.G : Je suis pour une industrialisation française, européenne, mais aujourd’hui la chaîne de production en Europe n’existe plus.

Nous avons des objectifs européens selon lesquels la France doit avoir installé 100 giga sur son territoire d’ici 2030, et nous en sommes encore loin. Pour le marché français, l’enjeu est la stabilité dans les réglementations, pour les industriels comme pour les particuliers. Nous devons définir et maintenir des règles sans les modifier constamment. Les réglementations carbone reviennent régulièrement en arrière et cela n’est pas favorable à un développement fluide du photovoltaïque.

Reconstruire tout cela est un gros challenge, et ce en espérant que nous allons dans ce sens. DMEGC suit cela attentivement car la France est l’un de ses marchés principaux. Le jour où les réglementations se stabiliseront et permettront une vision plus claire de l’évolution du photovoltaïque sur du moyen et long terme, DMEGC n’hésitera pas à investir et à se positionner comme un acteur européen, si ce n’est français. 

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